Cinéma
Le cinéma est à la croisée des chemins d’une série de découvertes dans des disciplines aussi diverses que l’optique, la perception du mouvement, la mécanique et la chimie. Au XIXe siècle le Cinématographe constitue ainsi un point d’aboutissement de recherches scientifiques. Depuis la première projection publique jusqu’à nos jours avec l’avènement de la technologie numérique, […]
Le cinéma est à la croisée des chemins d’une série de découvertes dans des disciplines aussi diverses que l’optique, la perception du mouvement, la mécanique et la chimie. Au XIXe siècle le Cinématographe constitue ainsi un point d’aboutissement de recherches scientifiques. Depuis la première projection publique jusqu’à nos jours avec l’avènement de la technologie numérique, le cinéma a connu de nombreuses évolutions techniques. Considéré, comme une technique habituellement au service de la fiction, il présente de nombreux avantages dans l’étude et la transmission des patrimoines immatériels et de l’histoire et il questionne notre rapport au réel.
Le cinéma un bien patrimonial
Depuis sa création le cinéma a connu de nombreuses évolutions techniques. Le passage de l’argentique au numérique a considérablement transformé la production mais aussi la projection et les modes de consommation des images. La généralisation de la télévision et de la vidéo, dans les années 1970-1980, comme instruments de diffusion ont ouverts aux images d’innombrables espaces individuels. Cette mutation a affecté le cinéma dans son essence et pose la question du devenir de l’expérience collective de la salle de cinéma. Désormais, nous assistons à une nouvelle révolution et une évolution de l’histoire des techniques. Le système mondial repose désormais intégralement sur les techniques numériques. On enregistre une montée accrue des films pouvant être téléchargés, visionnés en streaming ou consultés sur des supports mobiles aussi divers que des ordinateurs portables, des tablettes ou des smartphones. La démultiplication des supports et des formats ainsi que le nomadisme des écrans viennent bousculer les pratiques des spectateurs et des professionnels de l’image. Le programme MEDIA a été créé en 1991 par : l’Agence Exécutive Education, Audiovisuel et Culture de la commission Européenne pour encourager le développement et la distribution de milliers de films aussi bien dans des activités de formation, des festivals et des projets de promotion à travers le continent. MEDIA soutient le développement, et la distribution adéquate des œuvres. Les Etats participants au programme MEDIA sont l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne. Europe créative qui fait partie de Media est un programme du secteur audiovisuel européen « L’essor des technologies numériques est en train de transformer le secteur audiovisuel, cette évolution engendre des défis supplémentaires, tels que la protection de la propriété intellectuelle, l’accès au financement dans un secteur relativement nouveau et en pleine mutation, et la distribution adéquate des œuvres. Europe créative vise à soutenir les initiatives susceptibles d’avoir un impact réel sur le secteur dans toute l’Europe, notamment des œuvres individuelles et des initiatives destinés à promouvoir de nouvelles compétences ou à favoriser la coopération internationale dans le secteur »[1] ce projet soutient aussi les salles de cinéma d’art et d’essais ou cinéclub, sur le territoire Européen.
Présentation historique
Le cinéma est une invention née de la modernité. Le cinéma est né de rencontre
Eadweard James Muybridge, cheval au galop, 1876. d’innovations dans le domaine du support photographique et dans celui de la synthèse du mouvement utilisant la persistance rétinienne. Ces recherches sont effectuées dans un but purement scientifique. Ainsi en 1876, Eadweard James Muybridge met au point une expérience. Il dispose 12 puis 24 appareils photo le long d’un hippodrome. Il obtint ainsi une décomposition du mouvement du cheval et de son cavalier, en plusieurs photographies et conçoit le zoopraxiscope, lui permettant de recomposer le mouvement. En 1891, Thomas A. Edison crée le kinétographe, première caméra de prise de vue. Les films ne sont pas encore projetés, mais ils sont regardés à travers une visionneuse baptisé Kinétoscope. Le prototype n°1 du cinématographe, date de 1894 et il témoigne des premiers travaux de Louis lumière sur l’image animée combinés avec des essais sur des bandes de papier sensibilisé. Le cinématographe Lumière produit en série est une véritable usine à images autonomes, réunissant dans un appareil unique pesant moins de 5 kg, les fonctions de caméra, de tireuse de copie et de projecteur. L’inventeur, Léon Bouly crée le terme de cinématographe, en 1892. C’est le 13 février 1895 que les frères Lumières déposent le brevet. Le 28 décembre 1895 ils décident d’organiser une projection payante des films qu’ils ont tournés en 1894. Le salon indien dans le sous-sol du Grand café de Paris est loué, certains des spectateurs sont subjugués, d’autres plus sceptiques, ils sont tous médusés lorsqu’ils assistent à la projection de courts métrages : « La sortie des usines Lumière », « L’arroseur arrosé » et « Entrée en gare de la Ciotat ». C’est cette date qui est communément retenue en France comme étant la naissance du cinéma. Le cinématographe Lumière qui est à la fois, caméra, tireuse et projecteur va supplanter les autres procédés comme le Kinétoscope de Edison.
Mise en valeur du patrimoine en relation avec les contextes culturels et politiques
L’historien du cinéma Jean-Pierre Jeancolas, dans son article de l’Encyclopedia Universalis ; pose la question de la relation du cinéma avec l’histoire « le cinéma saisit l’histoire, le cinéma reconstruit l’histoire, le cinéma fait (pèse sur) l’histoire »[2] En 1898 le cinéma n’est alors qu’un divertissement forain, Boleslaw Matuszewski publie un texte de huit pages intitulé Une nouvelle source de l’histoire et sous-titré Création d’un dépôt de cinématographie historique. Il pressent que le jour est proche où la curiosité des photographes cinématographiques se portera vers des « tranches de vie publique et nationale » et déclare : « La photographie animée sera devenue alors un procédé agréable pour l’étude du passé ; ou plutôt, puisqu’elle en donnera la vision directe, elle supprimera, au moins sur certains points qui ont leur importance, la nécessité de l’investigation et de l’étude ». Et d’envisager la création d’un « Dépôt de cinématographie historique » sans le savoir il pensait peut-être à l’ancêtre de la cinémathèque de Paris. En 1898 les Frères Pathé achètent des studios de cinémas qui vont produire un très grand nombre de films et qui vont conquérir le monde entier. En 1909, Pathé diffuse des éditions de son journal en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux États-Unis et dans l’empire Russe. En 1910 leur concurrent Léon Gaumont lance Gaumont-Actualités. Tant que le cinéma est muet le sujet est introduit par un carton-titre. Avec le cinéma parlant, c’est une voix déterminée, très caractéristique qui commente les images. Le fond mondial accumulé par les opérateurs d’actualités constitue un réservoir extraordinaire d’images, bien qu’elles soient montées, en prise direct avec l’histoire. Si les frères Lumières inventent le procédé, et Pathé et Gaumont produisent et distribuent les films ; c’est, 7 ans après l’invention du cinéma que le réalisateur Georges Méliès, présente son Voyage dans la lune. Pour réaliser ce film de 14 minutes Méliés a utilisé un montage à trois plans. Inspiré par Jules Vernes et H.G. Wells, il met en scène un groupe d’astronomes propulsés sur la lune. Par le biais de la création d’effets spéciaux et de trucages, Georges Méliès réalise ce qui sera considéré comme l’un des premiers films de science-fiction, qui ouvrira la voie au grand spectacle cinématographique. La fiction représente la part la plus importante du cinéma produit dans le monde. En1912 Charlie Spencer Chaplin qui est partie d’Angleterre pour les Etats unis, débute sa carrière d’acteur et joue dans son premier film : Making of a living, de Mack Sennet. En 1914 il créera le personnage de Charlot. Le 5 Mars 1922, Friederich Wilhem Murnau présente son Nosferatu, adapté du roman de Bram Stocker, ce film devient la référence du cinéma expressionniste fantastique. En 1925 Sergueï Eisenstein, invente le montage pour son film le Cuirassé Potemkine. Le film raconte l’histoire de la mutinerie des marins du principal cuirassé de la flotte russe survenue le 27 juin 1905. Ce film est commandé par le comité pour la révolution de 1905, il reçoit un accueil triomphal à travers toute l’Union Soviétique. La scène du landau dévalant les marches de l’escalier d’Odessa est devenue une scène mythique de l’histoire du cinéma que l’on retrouve dans de nombreux films, comme un clin d’œil au génie de monteur d’Eisenstein.
En 1929 le cinéma parlant apparaît, et avec son apparition, les jeux d’acteurs et la narration évoluent considérablement. La pratique du tournage en studio qui a dominé les trente premières années du cinéma parlant, a évidemment tenu le réel à distance et a créé du rêve. Dans son livre Le cinéma au Musée de L’Homme : la construction d’un patrimoine, l’invention d’une culture ? Alice Gallois identifie une autre application au cinéma. Elle décrit l’évolution de la place réservée au cinéma par le musée de l’Homme entre les années 1930 et 1950. C’est au sein du musée de l’homme, que s’engagèrent les projets les plus innovants visant à utiliser l’outil cinématographique à des fins scientifiques. Le cinéma représentant de nombreux avantages dans l’études et la transmission du patrimoine immatériel, l’évolution de sa place au sein du musée de l’Homme était parfois ambivalente, puisque le cinéma était habituellement au service de la fiction et non pas au service de la science. Mais, au-delà du divertissement et des applications scientifiques le cinéma est aussi utilisé pour illustrer le discours du pouvoir, comme outil de propagande. Le cinéma Nazi et en particulier, le film « Les dieux du stade » de Leni Riefenstal, qui documente Les jeux Olympiques de 1936 à Berlin, est le parfait exemple de la logique du film « historique » dans le régime totalitaire Nazi. Le cinéma Nazi a cherché une légitimation du Troisième Reich dans l’exaltation de ses canons esthétiques représentant l’idéologie la race aryenne. Après la seconde guerre mondiale et jusqu’à leur disparition en 1970, les actualités sont restées des instruments de propagande. L’œuvre de propagande peut-être aussi à l’occasion une œuvre d’art, comme nous l’avons vue avec Le Cuirassé Potemkine de Eisenstein. Le cinéma de propagande s’efface quand la télévision se généralise et il est donc libéré de ses taches d’information et de manipulation. Il est devenu, depuis les années 1970, un espace de réflexion, le 7e art. Le cinéma au cours de son histoire s’est adapté à une demande sociale, économique et politique. Il rend aussi compte de crises actuelles et parfois l’écart se réduit entre la fiction et le réel, comme par exemple les films documentaires de Raymond Depardon.
Thierry Frémaux, le directeur de l’Institut Lumière a participé à la mise en place, au musée des confluences à Lyon, de l’exposition sur les frères Lumière et a fait cette déclaration : « Le cinéma, cet héritage des frères lumières, est un trésor mondial, que l’on préserve. »[3]
Sophie Turaud
Bibliographie
Gallois, Alice, Le cinéma au Musée de l’Homme : la construction d’un patrimoine, l’invention d’une culture ? Première partie : 1937-1960, 375-392 p
Parkinson David, The history of cinema, Thames & Hudson world of art, 1995, 7-13p
Jeancolas Jean-Pierre « Cinéma et histoire » Encyclopædia Universalis site consulté le 02 /02/2018 [en ligne], URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/cinema-et-histoire/
« Le musée virtuel, Brève histoire du cinéma » site consulté le 02/02/2018 [en ligne], http://www.musee-virtuel.com/histoire-cinema.htm
« Le musée des confluences, Lumière ! le cinéma inventé » site consulté le 18/01/2018 [en ligne], http://www.exposition-lumiere.fr/
« L’internaute magazine, Histoire du cinéma » site consulté le 22/01/2018 [en ligne], http://www.linternaute.com/histoire/categorie/28/a/1/1/histoire_du_cinema.shtml
[1] « Comission Européenne, EACEA », site consulté 22/01/2018 [en ligne] http://eacea.ec.europa.eu/media/index_fr.php
[2] Jean-Pierre JEANCOLAS, Cinéma et Histoire, Encyclopedia Universalis http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/cinema-et-histoire/
[3] Article journal 20 minutes sur l’exposition Lumière aux confluences https://www.20minutes.fr/lyon/2085963-20170616-lyon-plein-phare-lumiere-musee-confluences